Tom Smidth: Finmark (Copenhague et Kristiania, Martin, édit. l923).
Finmark, lointain pays des forêts profondes et des hivers sans fin, de la neige immaculée et des mystérieuses nuits!
Oh! ce que l'on rencontre dans ces forêts avant l'aube, quand déjà le ciel a perdu de sa profondeur, mais où les étoiles encore scintillent, isolées! De l'Est, lentement, s'épand une teinte grise. Toutes les lignes se confondent. À l'heure où les premiers indices du jour, comme font l'âme les premiers, inévitables, mensonges, voilent l'infini, à cette heure tout s'y anime et prend vie.
«Alors, raconte Juhani au juge, comme j'arrivais à la première clairière, j'aperçus devant moi une forme, qui titubait d'un bord à l'autre du chemin. Elle se trouva là tout d'un coup, sans que j'eusse remarqué d'où elle venait. Je me dis que ce devait être quelque forestier attardé. Soudain, je le vis couché. Non comme s'il fût tombé. Non. Il me sembla qu'il avait disparu, puis, que je le revoyais étendu, tout de son long, sur la neige. Je ne le quittai pas des yeux. Il ne bougeait pas. J'attachai les rênes de mon cheval et je descendis pours le secouer, le réveiller. Personne!»
Lorsque, après avoir bien regardé, examiné, constaté qu'il n'y avait sur la neige d'autres traces que des patins de son traîneau, Juhani se remit en route, était-ce de peur? Il se sentit la nuque serrée comme s'il n'eût pu tourner la tête pour regarder derrière lui. Ses oreilles bourdonnaient. De toutes parts le silence s'éveillait. On eût dit comme une poussée de choses demandant à être remarquées. Et ça grinçait, et ça gémissait et ça criait! Ça se précipitait en avant... et rien ne changeait de place. Les arbres! C'est incompréhensible comme... de leurs branches, lourdement la neige tombait. Ploump! Ploump! Ils s'agitaient, s'entrechoquant, avec des craquements dans leurs cimes...
Devant lui, juste à l'endroit où le lièvre blanc qui, depuis un moment, courait le long de la bordure, a disparu, mais c'est cette forme encore, cet homme, le même! Trois fois, ainsi, il l'a vu. La dernière, il l'a touché, touché de ses mains, il a tout fait pour le ranimer; il a voulu le ramener sur son traîneau. En vain. Alors, épouvanté, oui, il l'a frappé avec une branche. Il l'a tué.
Non, affirme le médecin légiste, cet homme est mort de froid et de faim.
Alors?
Jarmas aussi, une nuit, en rentrant, au clair de lune, a reconnu sur la neige des traces de skis, la forme d'un homme qui serait tombé, se serait traîné sur les mains, des pattes énormes; il l'a suivi, l'a retrouvé, la face contre terre, raidi. C'était le mendiant Jisalmi. Nul doute. Le cur ne bat plus. Le froid a figé la source du sang. Il est mort. Mort encore une fois. Car, l'année précédente, après la foire, on l'a trouvé ainsi et cela lui était déjà arrivé sept ans auparavant.
Savoir si, cette fois, au moins, il est vraiment mort?
Il l'est si peu que, tout à l'heure, il frappera à la porte de Jarmas, dans la maison de qui il apportera l'éepouvante et la folie.
Ces morts, qui ne sont que des morts apparentes, s'expliquent. Notre âme n'est point indissolublement liée à notre corps. Elle en peut, à son gré, sortir vagabonder, cependant qu'il demeure inerte et sans mouvement. Elle peut entrer dans un corps étranger, voire celui d'un animal. Après quoi, si elle n'y reste, elle retourne, sauf accident ou fantaisie, en son gîite habituel.
C'est ce que l'on croit dans le Finmark.
Qu'une telle mentalité, travaillée par le ferment religieux, ait pour résultat des manifestations du mysticisme le plus extravagant, il n'y a rien là que de naturel. Mais ce mysticisme des uns a sa contrepartie. Pour échapper à la captivité en laquelle les ténèbres, de longs mois durant, les tiennent, d'autres ont les réunions bruyantes et les beuveries.
Ah! ils s'y entendent à s'amuser, les amis du bourgmestre von Quanten!
Ils ont projeté de lui faire une surprise pour son anniversaire; lui, qui s'en doute, s'est promis de ne pas leur laisser cette satisfaction.
La surprise, c'est une cantate que le poète de la bande a composée en son honneur et que, depuis trois mois, ils travaillent, tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre.
Le soir, veille du grand jour, répétition; générale chez papa Mylius, l'auteur de la musique. On a choisi sa maison parce qu'il habite de l'autre côté de la rivière, au fond de la rade et qu'on peut y chanter, faire de la musique et à cordes et à vent, sans que l'on ait à craindre aucune intervention inopportune.
Avant de commencer, ces messieurs passent dans la salle à manger, deux par deux, l'air solennel, au pas de parade, le consul, en tête, jouant La Marche du roi Christian. Et ils s'y bourrent si fortement, si copieusement s'y abreuvent, que le maître de chapelle aura véritablement du mérite à mettre d'accord les instruments et les voix.
Papa Mylius est ravi. Tout va à merveille. Poète et compositeur, également enchantés, s'embrassent; les exécutants se congratulent. On rassemble les partitions, on remet les instruments dans leurs gaines. Quelle heure peut-il bien être? Diable! font d'aucuns, inquiets de l'accueil qui les attend chez eux.
Ah! mais non! On ne s'en va pas comme cela! Papa Mylius attrape son violon, entame une polka, et les voilà tous, poussant chaises et fauteuils contre les murs, à danser, à tourner, par couples, se passant la maîtresse de maison, qui, riant, n'en pouvant plus, crie grâce. Et tout cela finit autour d'un arbre de Noël éblouissant, après une abondante distribution de bonbons fulminants, de coiffures en papier, de chocolats, de confitures, etc., etc., par un punch colossal.
Ce que fut la sortie, on le devine. Et le retour en ville. N'écoutez pas leurs exclamations, leurs interpellations! Regardez-les plutôt; ces grands enfants qui font des glissades sur la neige et qui tombent et qui se relèvent et qui recommencent.
Qu'est-ce que ce sera demain chez von Quanten?
Von Quanten vient de mourir, il y a une heure, foudroyé par une congestion.
C'étaient, ceux-là, des notabilités de la petite ville, des bourgeois, des commerçants, des armateurs, des fonctionnaires. Seulement ils ne constituent qu'une minorité, évidemment, et une minorité qui n'appartient même pas à la même race que la masse de la population. Eux, ce sont des Scandinaves. Ce sont les maîtres. Mais les vrais habitants, les indigènes, ce sont des Finnois, et c'est chez ceux-ci qu'il faut chercher l'âme de leur pays.
Âme tout embuée de grossières croyances et qui se traduisent par les plus bizarres pratiques. Si vous doutez qu'un mortel puisse voir à distance, très loin, ce qui se passe à l'étranger, Juhani a pourtant hérité ce don de son père, l'aveugle Paavo. Jisalmi, lui, savait évoquer toutes visions qu'il lui plaisait. Comme les Cosaques l'entraînaient pour le fusiller: «Si vous me tuez, leur cria-t-il, tout va brûler!» De fait, les paysans aperçurent au même moment le village et l'église, les bois, les maisons, qui flambaient comme si le feu du ciel fût tombé. Et eux, hurlant d'effroi, de courir au rivage, de sauter dans les barques pour ne pas être atteints par les flammes. Cependant, tout cela n'était qu'aberration des sens et illusion.
Ce naturisme primitif, dont nous aurions tort de sourire, car il est sous le soleil plus de secrets que l'homme n'en saura, sans doute, jamais pénétrer, l'auteur l'a, pour ainsi dire, condensé dans une de ses plus impressionnantes nouvelles, La Sorcière de Sorvakko.
«La Sorcière de Sorvakko, je l'appelle, dit-il, comme tout le monde l'appelait. Mais la vérité pourrait bien être que toutes les femmes sont plus ou moins des sorcières. La beauté, tout comme la laideur, n'est pas impunément magique, et c'est à bon droit que tant de femmes sont dites fascinantes, ensorcelantes. Toute démence vient de la femme; c'est elle qui l'enfante ou la suscite. Cette sorcière, avec ses yeux noirs étincelants, avait été d'une éblouissante beauté. Maigre comme son chat et famélique comme lui. Innombrables furent les hommes que la lune la vit aimer en une inassouvissable ardeur. Et bien sûr que ce fut la jalousie des autres femmes qui, d'abord, lui donna ce nom. Peut-être aussi que l'amour l'avait rendue particulièrement attentive au cur des hommes et aux désirs des femmes. Ouand elle fut devenue grise et vieille, elle se mit à vendre des philtres...»
Elle n'a point que ses philtres. Voyez-la sur le rivage, au milieu des saules, comme elle guette. Pas un bruit suspect. Nul battement de rames. Vite, Maja saute d'une pierre sur l'autre et se laisse glisser dans l'eau. Là-bas, à quelques verstes, un îlot émerge, «l'ile aux vipèeres». C'est là qu'elle va.
On accuse le brochet de bien des méfaits. Mais qui est-ce qui, ayant vidé les engins, en détache les pierres? Maja. C'est sa façon à elle de pêcher.
Dans l'île elle a allumé du feu, devant lequel elle expose ses poissons dûment embrochés à une petite branche et qu'à moitié cuits, enveloppés dans des feuilles odoriférantes, elle laisse ensuite quelque temps sous les pierres chaudes... Son repas achevé, elle a fait la sieste. La voilà qui se réveille, qui s'étire. Elle se relève. Elle bâille au soleil. Ayant bien regardé à droite, à gauche, elle descend, pieds nus, sur les rochers, parmi les genévriers et les genêts. Dans la bruyère des vipères se déroulent. Lorsqu'elle arrive à la grande pierre plate sur laquelle elle s'assied, il y en a déjà trois qui l'ont suivie. Comme elles dressent la tête! Maja rit et en saisit deux qui s'enlacent autour de ses bras. Elle siffle une mélodie, une sorte de berceuse avec des trilles et une chute brusque à la finale. Les touffes de bruyère s'agitent. De tous côtés des vipères sortent. La mélodie, monotone, toujours chante. Autour de la pierre les dos zébrés ondulent, les petites têtes se balancent en mesure. Les longs corps se tortillent, se mêlent, s'entrelacent... Maja se penche, les prend l'une aprèes l'autre, les laisse s'enrouler autour de ses mains, de ses bras, de son cou. Elle examine leurs gueules ouvertes. Elle choisit parmi ses esclaves. La reine des vipères attend d'elles aujourd'hui un service. Elle en prend cinq, jeunes, vigoureuses, aux crocs robustes, au poison net et violent.
Ces cinq, qui l'ont suivie, nageant, à la côte, là, à travers les pierres, elle les poste dans la fontaine où la belle Sirii, sa fille, doit rencontrer ses amoureux.
On dit que la sorcière ne veut permettre le mariage à aucun de ses descendants.
Le dénouement ne se résume pas. Il faut le lire, et comme la nouvelle entière, du reste, dans le texte.
Je n'ai, en effet, rien dit du talent de l'auteur: il est réel. Si les huit récits qui composent le recueil de M. Tom Smidth ne se valent pas, plusieurs constituent de véritables petits chefs-d'uvre et par la précision et le pittoresque du détail dans l'attitude, les gestes, les tics des personnages, par la finesse de l'observation, par la façon sûre et sobre dont ils sont menés, par l'effet dont, insensiblement, ils nous saisissent, par les impressions qu'ils nous laissent. De l'hiver boréal, dont les dernières vibrations, traversant le printemps, persistent jusqu'au cur de l'été, tout débordant de vitalité; de la neige, dont le reflet est ce que le parfum est à la fleur, mais un parfum qui sent la mort; de la vitesse sur cette neige, à toute allure, dans la solitude, plus vite, plus vite encore, par-dessus tous les obstacles, avec derrière soi les loups dont les bandes affamées nous poursuivent et contre lesquels il faut se défendre à coups de hache, lutter corps à corps. Impressions si vives qu'on croirait, presque, les souvenirs vécus d'un voyage que, hélas! on n'a point fait.
Léon Pineau
i:
Journal des débats politiques et littéraires. - l7. maj l925
Dansk oversættelse med programmet DeepL.:
Finmark
Tom Smidth: Finmark (København og Kristiania, Martin, red. l923).
Finmark, det fjerne land med dybe skove og endeløse vintre, med pletfri sne og mystiske nætter!
Åh, hvad man møder i disse skove før daggry, når himlen allerede har mistet sin dybde, men hvor stjernerne stadig glimter, isolerede! Langsomt breder en grå nuance sig ud fra øst. Alle linjer smelter sammen. I den time, hvor de første antydninger af dagslys, som sjælens første uundgåelige løgne, slører det uendelige, i den time bliver alt levende og kommer til live.
"Så," fortæller Juhani dommeren, "da jeg kom til den første lysning, så jeg en skikkelse foran mig, som vaklede fra den ene side af stien til den anden. Den var der lige pludselig, uden at jeg lagde mærke til, hvor den kom fra. Jeg sagde til mig selv, at det måtte være en retarderet skovmand. Pludselig så jeg ham ligge ned. Ikke som om han var faldet. Nej, det forekom mig, at han var forsvundet, og så så jeg ham igen, udstrakt på sneen. Jeg kunne ikke tage øjnene fra ham. Han bevægede sig ikke. Jeg bandt tøjlerne på min hest og gik ned for at ryste ham vågen. Der var ingen!"
Da Juhani begav sig af sted igen efter at have kigget godt efter, undersøgt sneen og set, at der ikke var andre spor end slædens meder, var det så af frygt? Hans nakke strammede, som om han ikke kunne dreje hovedet for at se bag sig. Det ringede for hans ører. Stilheden var ved at vågne på alle sider. Det var som en strøm af ting, der bad om at blive bemærket. Og det knirkede og stønnede og råbte! De skyndte sig fremad ... og intet skiftede plads. Træerne! Det er uforståeligt, hvordan ... sneen faldt tungt fra deres grene. Ploump! Ploump! De rystede og klaprede, deres toppe knækkede...
Foran ham, lige der hvor den hvide hare, der havde løbet langs kanten et stykke tid, var forsvundet, men det var den skikkelse igen, den mand, den samme! Tre gange havde han set ham. Sidste gang rørte han ved ham, rørte ved ham med sine hænder, gjorde alt, hvad han kunne for at genoplive ham; han forsøgte at få ham tilbage på sin slæde. Alt sammen forgæves. Så, skrækslagen, ja, han slog ham med en gren. Han dræbte ham.
Nej," siger retsmedicineren, "denne mand døde af kulde og sult.
Nå, gjorde han det?
Også Jarmas kom hjem en nat i måneskinnet og genkendte skispor i sneen, skikkelsen af en mand, der var faldet, havde slæbt sig af sted på sine hænder, store ben; han fulgte efter ham, fandt ham med ansigtet nedad på jorden, stivnet. Det var tiggeren Jisalmi. Ingen tvivl om det. Hjertet er holdt op med at slå. Kulden har frosset blodets kilde. Han var død. Død endnu en gang. For året før, efter messen, blev han fundet sådan her, og det var allerede sket for ham syv år tidligere.
Men er han virkelig død denne gang?
Han er så lidt død, at han om lidt vil banke på døren til Jarmas, til hvis hus han vil bringe frygt og galskab.
Disse dødsfald, som kun er tilsyneladende dødsfald, kan forklares. Vores sjæl er ikke uløseligt knyttet til vores krop. Den kan vandre ud af den efter behag, mens den forbliver inaktiv og ubevægelig. Den kan gå ind i en fremmed krop, selv et dyrs. Hvis den så ikke bliver der, vender den tilbage til sit sædvanlige hjem, medmindre der sker et uheld eller et indfald.
Det er det, man tror på i Finmark.
Det er kun naturligt, at en sådan mentalitet, med dens religiøse gæring, resulterer i manifestationer af den mest ekstravagante mystik. Men mystikken hos nogle har sit modstykke. For at undslippe det fangenskab, som mørket holder dem i i månedsvis, har andre støjende møder og drikker sig fulde.
Ah, borgmester von Quantens venner ved virkelig, hvordan man morer sig!
De planlægger at overraske ham på hans fødselsdag, og han, som har mistanke om det, har lovet ikke at lade dem få fornøjelsen.
Overraskelsen er en kantate, som bandets digter har komponeret til ære for ham, og som de har arbejdet på i tre måneder, nogle gange hjemme hos hinanden.
Om aftenen, lige før den store dag, var der en prøve og en generalprøve hjemme hos Papa Mylius, som har komponeret musikken. Vi valgte hans hus, fordi han bor på den anden side af floden, for enden af havnen, hvor vi kan synge og lave stryger- og blæsermusik uden frygt for uvelkommen indblanding.
Før vi går i gang, går disse herrer ind i spisestuen, to og to, og ser højtidelige ud, i parade-tempo, med konsulen i spidsen, og spiller Kong Christians March. Og de bliver så berusede af den, så rigeligt berusede, at korlederen virkelig må få instrumenter og stemmer til at stemme.
Papa Mylius er henrykt. Alt går perfekt. Digteren og komponisten omfavner hinanden, lige så begejstrede, og de udøvende gratulerer hinanden. Partiturerne bliver samlet sammen, og instrumenterne bliver lagt tilbage i deres kasser. Hvad er klokken? Djævelen! siger nogle, der er bekymrede for den velkomst, der venter dem derhjemme.
Ah! Men nej! Vi går ikke bare sådan! Papa Mylius griber sin violin, starter en polka, og af sted går de alle, skubber stole og lænestole mod væggene, danser og snurrer parvis, passerer fruen i huset, som grinende ikke kan tage det mere, råber om nåde. Og det hele ender med en kolossal punch omkring et blændende juletræ, efter en rigelig uddeling af blændende slik, papirhovedbeklædninger, chokolade, syltetøj osv. osv. osv.
Du kan gætte, hvordan udflugten var. Og tilbagevenden til byen. Lyt ikke til deres udråb! Se på dem i stedet; voksne børn, der glider på sneen, falder, rejser sig igen og gør det hele igen.
Hvordan vil det være i morgen hos von Quanten?
Von Quanten døde for en time siden, ramt af overbelastning.
Det var den lille bys notabiliteter, borgerskabet, butiksindehaverne, skibsrederne, embedsmændene. Men de var selvfølgelig kun et mindretal, og ikke engang af samme race som resten af befolkningen. De er skandinaver. De er mestrene. Men de virkelige indbyggere, de indfødte, er finnerne, og det er blandt dem, at deres lands sjæl skal findes.
En sjæl, der er gennemsyret af en primitiv tro, som udmønter sig i de mest bizarre skikke. Hvis du tvivler på, at en dødelig kan se, hvad der sker i udlandet på afstand, så har Juhani arvet denne gave fra sin far, den blinde Paavo. Jisalmi, på den anden side, kunne fremmane alle de visioner, han havde lyst til. Da kosakkerne slæbte ham væk for at skyde ham, råbte han: "Hvis I dræber mig, vil alting brænde! I samme øjeblik så bønderne faktisk landsbyen og kirken, skoven og husene stå i flammer, som om der var faldet ild ned fra himlen. Og mens de hylede af skræk, løb de til kysten og sprang i bådene for at undgå at blive ramt af flammerne. Men alt dette var en forvrængning af sanserne og en illusion.
Denne primitive naturisme, som det ville være forkert at smile af, for der er flere hemmeligheder under solen, end mennesket sandsynligvis nogensinde vil være i stand til at trænge ind i, er så at sige kondenseret af forfatteren i en af hans mest imponerende noveller, Sorvakko-heksen.
"Heksen fra Sorvakko, kalder jeg hende," siger han, "som alle kaldte hende. Men sandheden er måske, at alle kvinder er mere eller mindre hekse. Skønhed, ligesom grimhed, er ikke ustraffet magi, og det er med god grund, at så mange kvinder siges at være fascinerende, forheksende. Al galskab kommer fra kvinder; det er dem, der føder den eller opildner den. Denne heks, med sine funklende sorte øjne, havde været en blændende skønhed. Hun var lige så tynd som sin kat og lige så sulten som sin kat. Månen så hende elske utallige mænd med en uudslukkelig glød. Og selvfølgelig var det jalousien fra andre kvinder, der først gav hende det navn. Måske havde kærligheden også gjort hende særligt opmærksom på mænds hjerter og kvinders begær. Da hun blev grå og gammel, begyndte hun at sælge trylledrikke...".
Hendes trylledrikke er ikke alt, hvad hun har. Se hende på stranden, blandt piletræerne, mens hun holder øje. Ikke en mistænkelig lyd. Ikke et slag fra en åre. Maja springer fra sten til sten og glider ned i vandet. Derovre, et par versts væk, dukker en holm op, "hugormeøen". Det er der, hun skal hen.
Gedden beskyldes for mange ugerninger. Men hvem er det, der fjerner stenene, når han har tømt redskabet? Maja. Det er hendes måde at fiske på.
På øen har hun tændt et bål, foran hvilket hun viser sine fisk, behørigt spiddet på en lille gren og halvkogt, pakket ind i duftende blade, som hun derefter lader ligge et stykke tid under de varme sten... Da måltidet var overstået, tog hun sig en lur. Hun vågner og strækker sig. Hun står op igen. Hun gaber i solen. Med et godt blik til højre og venstre går hun ned, barfodet, over klipperne, mellem enebær og gyvel. I lyngen slapper hugormene af. Da hun når frem til den store flade sten, hun sidder på, har tre af dem allerede fulgt efter hende. Hvor de dog løfter hovedet! Maja griner og griber fat i to af dem og vikler dem om sine arme. Hun fløjter en melodi, en slags vuggevise med triller og et brat fald til sidst. Lyngklumperne rører på sig. Hugorme dukker op fra alle sider. Den monotone melodi fortsætter med at synge. Rundt om stenen bølger zebraryggene, de små hoveder svajer i takt. De lange kroppe vrider sig, blander sig, fletter sig ind i hinanden... Maja bøjer sig ned, tager dem op en efter en, lader dem vikle sig rundt om sine hænder, sine arme, sin hals. Hun undersøger deres åbne munde. Hun vælger blandt sine slaver. Slangernes dronning forventer en tjeneste af dem i dag. Hun tager fem af dem, unge, livskraftige, med stærke hugtænder og en ren, voldsom gift.
Disse fem, som har fulgt hende, svømmer langs kysten, og der, gennem stenene, lægger hun dem i springvandet, hvor den smukke Sirii, hendes datter, skal møde sine elskere.
Det siges, at heksen ikke vil tillade nogen af sine efterkommere at gifte sig.
Der er mere i historien, end øjet ser. Den skal læses, ligesom hele historien, i teksten.
Jeg har ikke sagt noget om forfatterens talent: det er ægte. Selvom de otte historier, der udgør Tom Smidths samling, ikke alle er lige gode, er flere af dem veritable små mesterværker, i præcisionen og de maleriske detaljer i personernes attituder, bevægelser og tics, i finessen i deres observation, i den sikre og nøgterne måde, de føres på, i den effekt, hvormed de umærkeligt griber os, i de indtryk, de efterlader hos os. Af den boreale vinter, hvis sidste vibrationer, der passerer gennem foråret, bliver hængende lige ind i hjertet af sommeren, der flyder over af vitalitet; af sneen, hvis refleksion er, hvad parfume er for en blomst, men en parfume, der lugter af død; af at køre over denne sne, i fuld fart, i ensomhed, hurtigere, endnu hurtigere, over alle forhindringer, med ulvene bag os, hvis sultne flokke forfølger os, og mod hvem vi må forsvare os med vores økser, kæmpe hånd til hånd. Indtryk så levende, at de næsten virker som minder om en rejse, som vi desværre aldrig foretog.
Léon Pineau
i:
Journal des débats politiques et littéraires. - l7. maj l925